Discordance entre commerce électronique et développement durable

En commerce électronique, on souhaite souvent augmenter la quantité de produits achetés et favoriser la fidélisation et le rachat.

Il peut être plus profitable, tant pour votre entreprise que pour vos clients, de miser sur la qualité de vos produits pour qu’ils aient une plus grande valeur, mais aussi une durabilité. C’est d’ailleurs à ce moment que l’on parle de pratiques d’écoconception. Ces dernières sont « une façon d’allier avantage économique et réduction des impacts environnementaux. Avec l’écoconception, on doit considérer les impacts environnementaux et sociaux (changements climatiques, toxicité, pollution de l’eau, de l’air et du sol, production de déchets, etc.) sur l’ensemble des étapes du cycle de vie du produit, à partir de l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie du produit.» ¹

Pour ce faire, il faut d’abord se pencher sur les fondements de votre eCommerce: votre produit. Pour débuter dans vos pratiques d’écoconception, vous pourriez par exemple discuter avec vos fournisseurs pour remplacer votre matière première composée de plastique par une alternative écoresponsable qui est biodégradable ou encore développer une nouvelle gamme de produits plus durables.

On peut aussi penser à la fin de vie de votre produit et la potentielle réutilisation de votre matière première ou encore la redistribution de produits usagés au sein de votre communauté. Par exemple, l’entreprise québécoise de vêtements et d’accessoires Womance a lancé sa plateforme Seconde main qui permet à ses clientes d’échanger entre elles des vêtements de leur marque.

L’expérience client peut être bonifiée par une garantie ou un service de réparation qui invite votre client à conserver son produit plus longtemps.

[1] Ministère de l’Économie et de l’Éducation. (2020, 20 février). Écoconception des produits et services www.economie.gouv.qc.ca/bibliotheques/en-entreprise/diminuer-limpact-environnemental-de-mon-entreprise/ecoconception-des-produits-et-services/

Dans la même optique, les stratégies promotionnelles peuvent inciter les consommateurs à acheter des produits en plus grande quantité ou même faire des achats « inutiles ».

Il est possible d’être créatifs et réfléchis avec ses promotions et de ne pas inciter à la surconsommation. Vous pouvez offrir des rabais pour faciliter l’accessibilité à des produits pour des personnes qui ont un pouvoir d’achat plus limité. Vos promotions peuvent vous permettre par exemple de liquider des fins de gamme qui seraient gaspillées ou des démonstrateurs qui ne sont pas tout à fait à l’état neuf.

Une promotion peut aussi être présentée de manière cohérente avec le développement durable, comme en offrant une partie des profits à un organisme auquel votre clientèle accorde de l’importance. Ainsi, certes on encourage un achat, mais on crée surtout un dialogue autour des valeurs de l’entreprise en s’engageant dans son milieu. La collaboration entre KaseMe, entreprise d’étuis de cellulaires aux designs uniques et l’organisme à but non lucratif Ecologi est un bon exemple d’initiative positive pour l’environnement. KaseMe s’engage ainsi à planter un arbre pour chaque étui acheté.

Tout est une question de quantité de promotions et d’éducation de la clientèle quant à l’importance de faire des achats réfléchis. En incorporant des valeurs durables à votre mission et en ne misant pas seulement sur des achats répétés, vous incitez votre clientèle à s’accoler à vos valeurs.

La livraison, tant de la matière première que du produit final au consommateur, peut souvent rimer avec productions de GES dû aux nombreux déplacements.

En tant que compagnie, il est possible de trouver des façons de compenser ses déplacements. Certaines solutions technologiques proposent au client de compenser la production de GES généré par leur achat en ajoutant un certain montant à leur facture. Des entreprises comme Climate Partner ont développé des solutions eCommerce pour calculer cette empreinte carbone et ainsi proposer à aux clients de contribuer financièrement pour compenser.

Une entreprise avec des objectifs axés sur le développement durable peut aussi aller vers des alternatives de livraisons plus vertes comme la livraison à vélo pour le commerce local ou la livraison 100% électrique (ex: Livraison Vélo Montréal, SOS courrier, Purolator, etc.)

De plus, il est envisageable d’adapter ses stratégies et même ses produits pour optimiser le nombre de livraisons. En revoyant le format ou la nature des produits offerts en livraison, on peut encourager les clients à faire une plus grosse commande d’un coup au lieu de faire plusieurs petites commandes.

Les produits livrés chez les clients doivent être à la fois protégés par un emballage et conformes aux normes des transporteurs. Trop souvent, on se retrouve avec des tonnes de matériaux gaspillés.

Il faut avant tout choisir et adapter les produits pour le contexte du commerce électronique. Il n’est peut-être pas nécessaire d’offrir vos produits les plus fragiles, lourds ou volumineux sur votre boutique en ligne. Pour ce type de produits, proposez un ramassage en magasin (vous aurez un contact humain avec votre client en prime).

En plus de tenter de limiter au maximum la quantité d’emballage, vous pouvez faire des choix plus verts au niveau de la matière. Vous pouvez par exemple favoriser des fournisseurs locaux ou du matériel compostable, recyclable ou même réutilisable. Plusieurs solutions d’emballages pour les eCommerçants voient le jour en Amérique du Nord depuis plusieurs années et cet article de Green Business Bureau vous en partage quelques-unes. Pour ne prendre que ces exemples, Noissue propose différents types de sacs 100% biodégradables et Repack offre un service d’emballages réutilisables.

Pour les livraisons internes et les livraisons en vrac, il peut être optimal de miser sur la réutilisation. L’entreprise BonLook, réutilise d’ailleurs les boîtes de ses fournisseurs pour faire les envois au sein de leur réseau de boutique.

En plus de multiplier les kilomètres parcourus, les retours peuvent être une source de gaspillage des produits et matériaux.

Idéalement, il faut limiter au maximum les erreurs et les retours en assurant une rigueur dans les processus logistiques. Il faut aussi sensibiliser vos clients sur l’impact des retours. Par exemple, si un article est abîmé, mais tout de même utilisable, il est possible d’offrir un remboursement partiel et inciter le client à conserver le produit. Les articles légèrement abîmés peuvent être ensuite donnés à une cause ou réparés pour une revente en promotion.

Le virage numérique fait partie du présent et du futur de la majorité des entreprises. Il est possible de faire le virage numérique de façon plus intelligente et durable. Lors de chaque prise de décision stratégique, il est important de considérer le facteur DD. Chaque geste compte et la consommation responsable croît au rythme de l’offre et la demande. C’est une responsabilité conjointe entre les consommateurs et les entreprises.

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